mardi 12 janvier 2016

Une librairie qui met de la lumière dans nos coeurs






Inaugurée en 1986 par Marguerite Duras, située à deux pas de la très populaire rue Daguerre, cette ancienne librairie « Arbre à lettres » a  changé en juillet dernier de propriétaire et de nom. Comme le roman d’Antonio Moresco, elle s’appelle désormais « La petite lumière » et c’est le sémillant Olivier Renault accompagné de Anne Pascale Séraphini qui l’a reprise après le départ à la retraite de sa fondatrice Martine Dantin. Il faut dire que cette institution de la vie littéraire de Montparnasse, Olivier Renault la connaît bien. Cela fait 14 ans qu’il la dirige. Et pas seulement, car cet homme aux multiples talents, amoureux de son quartier et de ses artistes, est aussi l’auteur de "Montparnasse – lieux de légendes"  (Parigrammes) "Rouge Soutine" et "Bonnard, jardins secrets" (La petite vermillon). Hors les murs de sa librairie, il exprime toute sa passion pour les livres en faisant des chroniques pour Art Press et Pages des libraires. Bien que très pris par toutes ses activités, c’est lui qui nous accueille très chaleureusement, en prenant le temps de nous parler avec fougue et enthousiasme de littérature. Une bien jolie rencontre pour démarrer 2016 du bon pied.

Quel est votre livre fétiche, celui que vous défendez depuis toujours avec ferveur ?
Vraiment ce n’est pas facile de répondre à cette question. Tout de suite, me vient à l’esprit "Paradiso" de José Lezama (Points), ce chef d’œuvre de l’un des maîtres de la littérature sud-américaine. Mais encore " L’affreux pastis de la rue des merles" de l’italien Carlo Emilio Gadda (Points). Mais bon, à choisir je vais retenir un grand classique français qui m’accompagne depuis toujours dans mon amour pour le XVIIIème siècle: « Le neveu de Rameau » de Denis Diderot (Garnier Flammarion) . C’est le livre que j’ai le plus souvent relu. Il y a tout dedans sur les rapports sociaux, les intrigues, la théâtralisation des choses, la transmission du désir.   On est à l’essence même de tout ce qui m’anime dans mon travail.  « À quoi bon la médiocrité en ses genres ? » 

Brève de librairie :

Cette anecdote qui m’a marqué, s’est déroulée dans une librairie où je travaillais, mais j’étais absent ce jour-là. Jean Noël Schifano, éminent traducteur de l’italien, critique littéraire et directeur de collection chez Gallimard faisait partie de nos fidèles clients qui passaient nous voir très régulièrement. Un jour sans nous prévenir et pour nous faire la surprise, il vient  accompagné d’un ami barbu, de forte corpulence qu’il tenait chaleureusement à nous présenter. Situation délicate, aucun de mes collègues n’a reconnu spontanément l’immense Umberto Eco alors que nous l’admirions tous  et avions vendu ses livres par milliers. J’aime cette histoire, car elle nous rappelle l’humilité qu’il faut avoir dans ce métier. On croit tout savoir d’un écrivain et là tout à coup on l’a sous nos yeux en chair et en os et on ne le reconnaît même pas.


 La petite Lumière
14 rue Boulard
75014 Paris
01 43 22 32 42 

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